The Darjeeling Limited

Cosmic trip

L'histoire

Les retrouvailles spirituelles de trois frères en Inde.

Les plaisirs du film

Le style. La patte de Wes Anderson, avec ses personnages plutôt grands enfants, au squelette affectif apparent, sans véritable peau d'adulte. Ses histoires de familles éclatées en caractères uniques et indissociables, artificiellement réunis à l'occasion d'une quête, comme dans The Royal Tenenbaum ou Aquatic Life. Ses trouvailles (le train égaré). Sa façon de filmer, ici en imitant le train, par l'utilisation de travellings latéraux ou avants, articulés par des rotations sur axes très étudiées. Un cadre d'une superbe précision. Son élégance absurde, sorte de dandysme subtilement loufoque. La nouveauté essentielle de Darjeeling réside dans une espèce de lâcher-prise. Le film semble moins rigoureusement construit que les précédents. Et le scénario montre que l'inattendu, l'accident, révèle beaucoup plus que le programmé.

Le stylisme est un régal. Les malles monogrammées aux initiales Whitman, symboles du fardeau de l'héritage familial, les intérieurs du train, les tenues des trois frères, toujours savamment insolites, dépareillées ou détournées.

La stylisation. Bien sûr, il s'agit d'une Inde revue et corrigée, plus proche des chromos 1950 et d'un bollywood chatoyant que des réalités sociales et quotidiennes. Anderson transporte le continent dans son propre théâtre. Et pourtant, au travers des couleurs solaires, des rites soigneusement décrits, des personnages, passe une Inde grave et belle.

Le détachement mi-amusé, mi-triste éprouvé devant les angoisses enfantines, les gesticulations vaines, les rites puérils et les relations touchantes de ces trois frères. Le plaisir de retrouver Bill Murray, Angelica Huston et Kumar Pallana, caché dans le train. L'agréable paresse à se laisser transporter dans ce train, sans vouloir forcément y voir une métaphore de la vie, sans décrypter à tout prix les névroses occidentales révélées sur le fond antithétique indien, sans aller chercher les schémas œdipiens. Tout cela fait bien sûr partie du trip, mais la fantaisie permanente du Darjeeling Limited nous dit que l'essentiel est ailleurs et difficile à atteindre sans légèreté.

Court-métrage prologue Hôtel Chevalier

fiche film & séances
site officiel the darjeeling limited

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