Appolonide, souvenir d'une maison close


Un beau bordel

L'histoire

Le crépuscule d'une maison close

Les plaisirs du film

Le rapport au temps. Le film se situe à une période charnière, c'est le crépuscule d'une époque, d'un siècle, ce qui apporte une couleur spéciale au film, la sensation d'être témoin d'une poignée de sable qui s'écoule sans retour et de la tentative de le fixer sur la pellicule, de l'encapsuler dans un format. Et le temps est lui-même traité dans le film de façon curieuse. Avec un jeu de simultanéité (une scène revue de différents points de vue), de retours en arrière, d'étirement temporel. Jusqu'à ce violent flash forward final.

La reconstitution minutieuse du décor et du style mais aussi des us et coutumes d'une telle maison. De l'entretien d'embauche au dentifrice, on découvre avec curiosité ces usages, dans un décor comme élaboré par Des Esseintes.

La façon proustienne de filmer une troupe de jeunes filles. Toujours changeantes selon les lumières, les endroits, les humeurs et les postures, les plus belles deviennent laides et vice versa. Une nébuleuse palpitante de visages en perpétuelles métamorphoses.

Une peinture troublante de la perversité, avec des scènes qui donnent la nausée, notamment autour de la femme qui rit.

Un rythme et un huis clos obsédants, qui donnent envie de s'échapper en pensée et d'évoquer au gré des scènes d'autres films cités implicitement comme Batman, Vendredi 13, Eyes Wide Shut...

Y aller ? Oui. Et relire A Rebours.

3 commentaires:

Cécile a dit…

Beaucoup aimé ce film. je ne m'appesantis pas plus car je le vante en long en large et en travers à tous mes proches.

Pour rire et repartir en 1979 en plein "crépuscule" giscardien : allez voir le SKYLAB de Julie Delpy.

PS : il va au bordel des Esseintes ? me souviens plus ... un esthète plutôt seul. avec sa tortue-bijou. qui meurt.

Cécile a dit…

Je repasse pour dire que le film, très réussi esthétiquement, en effet, rend assez bien en filigranne l'économie d'une maison close, de l'emprisonnement irrémédiable des filles dans un lieu et de leur condition, du fait qu'elles ne sont pas, aux yeux des hommes qui les fréquentent, des êtres humains dotés de sensibilité, d'intelligence, de sentiments, de points de vue à part entière mais stéréotypes (la juive, la blonde, la rousse, la femme orientale etc ....) objets, fantasmes, marchandises, source de profit et de rendement.
le film peut être rapproché, bien que son sujet et son cinéma diffèrent à bien des égards, de la Vénus noire d'Abdellatif Kechiche. la Vénus hottente devient prostituée, objet monstrueux de désir et de violence, toujours bête.
Dans la maison close, la femme qui rit se fait massacrer le visage à jamais mais il y a aussi une des petites (celle qui endosse le rôle de l'Orient des harem rêvé et érotisé) qui lit sur les conseils d'un client un ouvrage d'anthropologie physique ("science" (sic) en plein essor) ; elle y découvre que les prostituée sont considérées seraient dotée d'un petit cerveau, seraient jugées débiles et comme des sous-Hommes. elle éclate en longs sanglots. (cependant, elle, contrairement aux autres et fait rare, sera épousée par son client habituel qui l'aime d'un amour sincère)
Le film ne transpire pas la nostalgie et le graveleux.

PS : pas emballée par les larmes de sperme. ni par la fin qui nous projette dans le présent. (ou à ce moment-là, il fallait filmer des prostituées au travail pas l'une des actrices principales)à mes yeux, cela ne fonctionne pas.

Cécile a dit…

>> vanus hottentote