Somewhere

Lost in Château-Marmont

L'histoire

Un acteur trompe le vide de son existence dans un hôtel. Sa fille passe du temps avec lui.

Les plaisirs du film

L'esthétique du banal. La mise en scène joue beaucoup sur le ténu, sur le vide, sur le manque. Et sur le médiocre : par exemple, la scène des strip-teaseuses met en avant leur gaucherie, la nullité de leur performance, évacuant totalement tout érotisme. Ce banal touche tous les éléments du monde qui entoure l'acteur. C'est aussi une esthétique de l'absence de désir. Aucun de ces objets-clichés, ces lieux, ces femmes, ces soirées et ces plaisirs stéréotypés ne peuvent exciter le désir. Cette esthétique produit aussi des plans interminables, qui font éprouver l'ennui montré à l'écran.

La relation avec sa fille, seule relation du film capable de faire naître une émotion. Relation ludique, où les rôles s'inversent parfois, avec une jeune fille plus mûre que son père, maintenu par son entourage dans une posture d'enfant gâté. Le plan du jeu vidéo l'illustrent : ce sont deux teenagers. La blondeur diaphane de la jeune fille et son âge, pile entre enfance et adolescence, évoquent les sœurs de Virgin Suicide, Scarlett dans Lost in Translation ou Marie-Antoinette. Et comme elles, elle est déphasée, perdue. Perdue dans son rapport aux adultes.

Le thème de l'isolement. Déjà là dans Virgin Suicides, dans Lost in Translation, dans Marie-Antoinette : des personnages trouvant dans le divertissement, l'insouciance et le superflu la meilleure façon de ne pas vouloir affronter le triste de leur existence. Leurs fêlures. Ici l'acteur n'est plus qu'une marionnette trimbalée d'hôtels en interviews. Une poupée à fantasmes totalement passive, draguée en permanence et insultée sans relâche (par sms). Réflexion sur la starification/dépersonnalisation. Mais surtout réflexion sur les vanités de l'époque.

A voir ? Oui pour les amateurs de Sofia, pour les passionnés de l'ennui sublimé. Les autres souriront de temps en temps pour tromper leur frustration.

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