Two lovers

Le cœur entre deux chaises

L'histoire

Deux femmes entrent dans la vie d'un homme en détresse sentimentale. L'une par le biais de ses parents, l'autre par hasard.

Les plaisirs du film

Le jeu des acteurs. Les deux femmes expriment deux aspirations contradictoires du personnage masculin. Vinessa joue à merveille la jeune femme compréhensive, pleine de vie, sans faille, sans aspérité et apaisante. Gwyneth excelle dans l'interprétation de la fille qui s'effondre sur elle-même, peu fiable, dont on a envie de s'occuper. Et Joaquin émeut par ses enthousiasmes sans issue, ses allures de gosse et son désespoir pudique.

Les plus beaux regards caméras depuis Monika ou Vertigo. Chacun des 3 personnages nous fixe au moment du film où il dévoile la vérité de son être.

Le thème du choix et de la liberté. Vinessa, Gwyneth et Joaquin forment donc un trio irrésistible. Ou plutôt les duos Vinessa-Joaquin et Gwyneth-Joaquin, car le film fonctionne par duos (couples ?) successifs. Intéressant d'examiner tous les couples du film : le couple passé, évoqué par un flash-back, une photo, quelques répliques. Les couples des parents, normatifs dans leur approche raisonnée de l'union. Les couples effectifs, phantasmés ou avortés entre Vinessa, Gwyneth et Joaquin. Le couple entre Gwyneth et son amant.

La couleur du film. Très sombre. Dans la photo, bien sûr : les extérieurs hivernaux, bleus, gris. Les intérieurs qui permettent des lumières travaillées pour rétrécir le champ et confiner les acteurs dans le cercle familial. Sombre aussi l'approche de ces histoires d'amour. Qui aime vraiment qui ? L'histoire paraît tragiquement jouée d'avance. Tragédie où se déroulent les retournements successifs, le cheminement parallèle des deux histoires, prises en étau entre les pulsions contraires des personnages et les motivations rationnelles de leurs entourages. A certains égards on pense à Shakespeare : le mariage de raison voulu par les deux familles/les deux maisons. Les tentatives d'échappatoires, la liberté qu'on tente de se créer. La dramaturgie des décors, comme le toit, vaine promesse de liberté... On ne peut pas s'en échapper, sauf en sautant. Il est le théâtre d'une très belle scène, l'union entre Gwyneth et Joaquin, consommée dans une sorte de chapelle, sur fond de cloches.

La possibilité de se dire que le personnage de Gwyneth n'existe que dans l'imaginaire de Joaquin. Une petite fée clochette, cristallisation du désir d'un homme réticent aux normes sociales et adultes. Gwyneth, petite lueur éclairée dans le mur de brique d'une arrière-cour, très jolie, mais inconsistante au possible et toujours frustrante.

fiche film

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