Liberace




Le pitch

La relation Thorson-Liberace par Soderbergh.

Les plaisirs du film

HBO, producteur et diffuseur du film adapté du livre "Behind the candelabra" de S.Thorson, permet à S.Soderbergh de réaliser ce qui devrait être son dernier film, et pourquoi pas, un chef d'oeuvre. 
Sur le papier, et notamment au regard des nombreuses critiques dithyrambiques (Le Cercle, Next - Libération) dont le film à fait l'objet, le duo Douglas-Damon devait effleurer le mythe de Liberace, pianiste starifiée des US des 60's et empereur strassée du Kitch, puisqu'il influencera le King et autres Michael Jackson...
Soderbergh laisse les acteurs composer leur performance comme seul le ciné U.S en est capable : métamorphose de l'allure, du corps, de la voix, du regard... Douglas et Damon font leur numéro d'Actor's studio, bien servis par des costumes et un stylisme méticuleux. La photo esthétisante de Soderbergh accumule les brillances bling bling, entre scènes de music hall et celles de la villa dorée. L'intimité du couple est clairement montrée, jusqu'à l'écoeurement de Matt Damon. Le contraste cru/toc est le concept attendu du film, et pour le coup, il tient ses promesses. 

Et pour le reste ? Si le livre de Thorson énumère par le menu la relation entre le minet bodybuildé et la folle au piano, il tente de composer un portrait méticuleux de Liberace, au delà du candélabre. Ainsi, ce n'est pas tant la relation sexuelle du couple qui retient l'attention à la lecture du livre : les failles de Liberace, sa perversité mêlée de candeur affichée, la composition d'un personnage orchestré par sa mère qu'il tentera de préserver de tout scandale lié au sida, ses pratiques mafieuses... Soderbergh ne retient que le huit clos amoureux du couple et sa lente décrépitude. L'étouffement est le prisme privilégié par le metteur en scène, bien mal aidé par un scénariste qui accumule les dialogues téléphonés et les "fuck" de bon aloi. Plusieurs séquences (le lifting, la jalousie, la mère...) auraient pu faire basculer le film dans une étude sociale et psychologique passionnante mais Soderbergh ne s'y intéresse pas. Seul le désir et son érosion maintient le film, sous-exploitant des seconds rôles pourtant prometteurs (Dan Ackroyd, Rob Lowe, Scott Bakula excellents) au profit de scènes de cul en cascade. On songe alors à Scorcese et son superbe Aviator et on trouve le temps bien long... 

Y aller ? Non, préférez le livre !

Nicolas Cerisola

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