Tokyo Sonata

Qui va piano va sano

L'histoire

Le dérèglement d'une famille tokyoïte

Les plaisirs du film

La mise en scène. Les cadres sont superbes. A l'intérieur de la maison exiguë et très vite familière, la caméra se pose en différents endroits, souvent en emprisonnant les personnages derrière un premier plan : barreaux d'un escalier, étagères de la cuisine. Les verticales et les horinzontales, parfois composées comme un Mondrian, suggèrent un carcan. La table où se tiennent les repas, notamment, n'est presque jamais filmée deux fois sous le même angle. Selon l'avancée de l'histoire, le repas apparaît comme une photographie, un état des absents et des présents.

Tokyo filmé comme jamais. Ni le cliché de la ville ruche et effervescente, ni celui des cerisiers et des vieux temples. Un entre-deux, celui d'un quartier résidentiel ni riche ni pauvre, dense et fleuri.

La force des personnages. Le petit garçon, bien sûr, fil principal de l'intrigue, celui qui veut, le seul dont la boussole intérieure reste fiable, celui qui dit le vrai. Le grand frère, dans son insouciance, le père, formidable en bloc d'autorité peu à peu fissuré. La mère, en espoirs et en attente, réduite à son rôle mais tout à son rôle. La professeur de piano, support de l'aspiration platonicienne du petit héros : s'élever vers le beau/le bon par l'intermédiaire de la beauté tangible, comme celle des corps.

Le thème de la déréliction. Evolution d'une société minée de l'intérieur par son passé, par les influences occidentales dont les valeurs infiltrent et craquellent le modèle patriarcal, dont les marques, discrètement visibles à l'écran (fugue dans une Peugeot sur un parking avec McDo, révélation tragique dans un centre commercial...) remplacent les repères traditionnels de la société. Thème de l'effritement traité autour du licenciement du père : intéressant en cette période de crise.

La tonalité particulière de l'humour du film, parfois proche de l'absurde d'un Roy Andersson (en moins statique...).

La scène finale, qui serre la gorge.

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